Débattre sans clash pour le bien de la démocratie

Antoine Vuille vient de sortir un essai qui décortique notre manière de débattre. Pour le docteur en philosophie de l’Université de Neuchâtel, il est important d’accepter que certains arguments du camp opposé puissent être valables.

    Débattre sans clash, c’est possible. Mais trop souvent, on ne dialogue pas, on veut avoir raison. Une attitude qui réduit le débat public, comme l’a expliqué Antoine Vuille, docteur en philosophie de l’Université de Neuchâtel, mercredi dans « La Matinale ». Il vient de publier un ouvrage qui décortique notre manière de débattre. Une manière qui ne prend pas suffisamment en compte, voire pas du tout, les avis qui ne sont pas les nôtres. L’essai s’intitule « Contre la culture du clash - Débat d'idées et démocratie ». Antoine Vuille est parti du constat « qu’on vit dans une société de plus en plus polarisée sur les questions politiques. Si l’on est de gauche, on a tendance à ne pas prendre du tout au sérieux les arguments ou le discours qui vient de la droite. On balaye les arguments d’un revers de la main. Et vice-versa quand on est de droite. » Ce qui a pour conséquence que le dialogue n’existe plus. « Et quand on ne dialogue plus, il reste le clash. » 

     

    L'humain n'aime pas les zones grises

    Antoine Vuille propose dans cet essai quelques pistes pour parvenir à un débat plus constructif avec les gens avec qui l’on n’est pas d’accord. Le point principal, selon lui, est d’être prêt à admettre les arguments de l’adversaire quand ils sont bons. « On peut défendre ses idées, c’est bien de le faire, mais, lorsque le camp adverse à des bons points, il faut être prêt à le reconnaitre. » Encore faut-il que les arguments existent. « Il y a de bons arguments, de mauvais arguments, des arguments valides ou non. » Ne pas entendre l’autre, c’est aussi faire passer un message clair auprès de la population dans un débat politique. L’être humain préfère quand c’est noir ou blanc. Il n’aime pas les zones grises. « Mais si on ne s’efforce pas de faire un pas en direction de l’autre, de faire des concessions, de chercher des compromis, on arrive à un blocage. Et c’est précisément ce qui se passe actuellement en France. On a des blocs qui ont beaucoup de peine à faire des pas en direction des autres idées. Résultat : on a de la peine à former un gouvernement et on arrive à une impasse. »

    « Contre la culture du clash - Débat d'idées et démocratie », est sorti chez Eliott éditions dans la Collection La part des choses. /sma