Jacques Rancière & Bernard Aspe (conversation)
La liberté et ses fictions
Au temps de la création des grandes organisations vouées à libérer le prolétariat, Tchekhov racontait dans ses récits une histoire dissonante: la servitude n’est pas l’écrasement sous la botte d’un maître. Elle est une forme de vie, une manière de passer le temps. Et il faut, pour y échapper, savoir saisir, dans les brèches du temps, les appels de la liberté lointaine. En cela, peut-être, il faisait écho à ces formes d’émancipation ouvrière qui voulaient que la vie change d’abord ici et maintenant. Nous réfléchirons aux formes de fiction que cette perspective implique mais aussi à la façon dont ces fictions de la servitude et de la liberté nous font signe concrètement aujourd’hui.