Les étudiants de philosophie

Comme brièvement évoqué sur la page d'aperçu, le nombre d'étudiants des différentes universités suisses a radicalement changé au cours des quarante dernières années, bien que le nombre total d'étudiants en philosophie n'ait que peu augmenté. Au cours des treize dernières années, les chiffres se présentent comme suit :

Il est intéressant de noter, d'une part, la nette diminution à Bâle et Lausanne; et, d'autre part, la forte augmentation à Lugano, où l'USI et l'ISFI (ensemble) sont devenus en cinq ans le quatrième plus grand institut de philosophie en Suisse.

L'évolution du nombre d'étudiants au cours des quarante dernières années peut être représentée par le graphique suivant (voir les tableaux de base de l'Office fédéral de la statistique):

Le graphique cumulé montre clairement la chute du nombre d'étudiants lors de la réforme dite de Bologne (introduction des cursus BA/MA et de l'ECTS) :

Depuis l'année académique 1980/81 et jusqu'à l'année dernière, les universités ont décerné, au total, les titres en philosophie suivants (cf les statistiques officielles pour les licences, BA, MA, et doctorats):

• UniZH 411 licences/diplômes, 203 BA, 63 MA, 171 doctorats
• UniFR 348 licences/diplômes, 189 BA, 75 MA, 98 doctorats
• UniGE 252 licences/diplômes, , 96 MA, 108 doctorats
• UniBS 221 licences/diplômes, 5 BA, 4 MA, 114 doctorats
• UniL 216 licences/diplômes, 95 MA, 64 doctorats
• UniBe 165 licences/diplômes, 214 BA, 199 MA, 93 doctorats
• UniNE 66 licences/diplômes, 26 MA, 31 doctorats
• UniLU 25 licences/diplômes, 52 BA, 33 MA, 12 doctorats
• USI 22 MA

Les chiffres pour l'Université de Bâle sont extrêmement bas : alors que le département de philosophie était le quatrième plus grand en termes de diplômes avant la réforme de Bologne, il est maintenant de loin le plus petit.

Par rapport au nombre d'étudiants, l'université de Berne a un très grand nombre de diplômes, l'université de Zurich très peu. Le nombre cumulé d'étudiants depuis 2001/02 s'élève à 3621 pour Berne et à 6842 pour Zurich, dont 5,5% de MA à Berne (c'est-à-dire que 11% des étudiants obtiennent leur diplôme dans la durée normale des études de deux ans), mais moins de 1% à Zurich.

Le nombre de doctorats a augmenté, mais s'est stabilisé : 104 en 1980-89, 142 en 1990-99, 195 en 2000-09 et 198 en 2010-19. 2005 reste l'année record avec 30 doctorats décernés.

Le pourcentage de femmes diplômées par grade est supérieur à la représentation du corps étudiant féminin tous niveaux confondus : par exemple, pour l'année académique 2021/22, les femmes représentaient 40% du nombre total d'étudiants, mais 52% des diplômes de BA, 41% des diplômes de MA et 46% des doctorats.

Les trois universités romandes (UniGE, UniL et UniNE) ne semblent pas avoir déclaré leurs diplômes de bachelor à l'Office fédéral de la statistique (c'est sans doute pour cette raison qu'elles figurent avec un "'0"). Interrogé à ce sujet, un collaborateur de l'OFS écrit : "Dans les universités de Genève, Lausanne et Neuchâtel, le bachelor en philosophie est jusqu'à présent proposé en tant qu'études pluridisciplinaires (en conséquence de la réforme de Bologne). Pour ces universités, il n'est malheureusement pas possible pour l'heure d'identifier les bachelors pluridisciplinaires avec la philosophie, car ceux-ci sont relevés et publiés dans les différentes filières pluridisciplinaires. Cependant, pour certaines de ces institutions, nous nous trouvons dans une phase de transition et il est tout à fait possible qu'elles proposent à terme un programme monodisciplinaire pour les études de philosophie. Pour obtenir des informations spécifiques sur la philosophie dans ces établissements, nous vous suggérons de les contacter directement". Il existe un seul programme de BA en philosophie qui est monodsciplinaire, le BA de l'ISFI au Tessin. Peut-être existe-t-il un autre moyen de connaître le nombre de diplômes de BA ?

En comparant les diplômes avec le nombre d'étudiants (sans les diplômes de BA des universités romandes), on constate que les femmes sont surreprésentées dans les diplômes de BA et de MA, mais sous-représentées dans les doctorats ; alors que dans le nombre d’étudiants immatriculés, les femmes sont sous-représentées.

Sur les 40 ans, les femmes représentent 35% des étudiants en philosophie, mais 39% des diplômes de BA, 33% des licences, 41% des diplômes de MA et 26% des doctorats. Chaque année, environ 6,11% de tous les étudiants obtiennent un MA ou une licence (mais environ 6,24% des femmes). Comment expliquer cette différence dans la représentation des femmes entre étudiants inscrits et étudiants effectivement diplômés. Est-ce que cela signifie que les femmes sont plus probables de terminer leurs études que les hommes ? Lorsque l’on compare le nombre de master au nombre total d’étudiants, on constate que, par année, il y a environ 6% de diplômes distribués. Ce qui signifie que pour quelqu’un d’immatriculé pendant 5 ans (soit la durée standard pour l’obtention d’un master),  la probabilité que cette personne ait son master au terme ces 5 années est de 30%. Ce pourcentage nous paraît très bas. Comment peut-on l’expliquer ? Y a-t-il autant de réorientations ? Est-ce que les étudiants ont besoin de plus de 5 ans pour accomplir un master ?

Enfin, en comparant le total de femmes et les hommes inscrites dans un programme universitaire de philosophie au nombre de doctorants et doctorantes, on remarque également une différence. Est-ce que le pourcentage plus élevé d’hommes ayant obtenu un doctorat parmi le nombre total d’hommes étudiants (2.10%) en comparaison avec les femmes (1.34%) signifie que les hommes sont plus probables de continuer jusqu’au doctorat ? Est-ce là déjà un effet du plafond de verre ? Qu’en est-il dans les autres domaines d’études ?