Revue de presse philosophique semaine du 26/06/2023

Approche philosophique des évènements politiques et sociétaux français.

Semaine du 26 juin au 2 juillet 2023

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    Les faits

    Cela fait désormais plus d’une semaine qu’un drame secoue les esprits et révèle une fois de plus l’esprit des prises de positions politiques françaises. Mardi 27 juin 2023, Nahel Mezrouk, adolescent de 17 ans, a été abattu par un policier à Nanterre (Hauts-de-Seine) lors d’une interpellation. L’adolescent sans permis de conduire était alors au volant d’une Mercedes-Benz qui roulait vite sur une voie de bus tout en brûlant (selon la police) plusieurs feux rouges. Une course poursuite démarre alors entre deux policiers à moto et le véhicule que conduit Nahel. Finalement, la voiture est arrêtée par des embouteillages et rattrapée par la police. L’un des deux policiers, Floriant, M, tient l’adolescent en joue et le menace de lui tirer une balle dans la tête s’il ne stoppe pas son véhicule. La voiture redémarre malgré tout, le policier tire en visant le cœur de Nahel, son bras et sa poitrine sont traversés par la balle. La voiture s’écrasera un peu plus loin dans le décor. Nahel décède une dizaine de minutes plus tard. Floriant M. se défend en invoquant la légitime défense et le refus d’obtempérer du jeune conducteur, la voiture lui aurait foncé dessus lors des faits. Heureusement, la scène était filmé. La vidéo expose une tout autre version des faits. La voiture ne fonçait pas sur le policier et celui-ci n’était pas en danger. De plus, le témoignage du deuxième passager du véhicule, un jeune homme de 17 ans, déclare que Nahel n'a pas redémarré mais a simplement lâché le frein après avoir été sonné par les trois coups de crosse du second policier. Ce témoignage, confirmé par les vidéos amateurs de la scène, contredit la version des deux policiers qui fait état d'un refus d’obtempérer et de légitime défense. La version du jeune homme de 17 ans est confirmée par le troisième passager de 14 ans, Adam, situé à l’arrière du véhicule au moment des faits. Selon ce dernier, Nahel aurait bien reçu plusieurs coups de crosse de la part du policier. Floriant M. est placé en garde à vue à l’IGPN (Inspection Générale de la Police Nationale) les 27 et 28 juin et y est interrogé. Il est depuis le 29 juin en détention provisoire. Une enquête pour « homicide volontaire » est ouverte.

     

    Alors que la famille de Nahel apprend la nouvelle, une double réaction va s’enclencher. D’abord, une vague d’émeutes et de contestation un peu partout en France. Dans un premier temps à Nanterre la nuit du drame, puis les jours qui suivent dans d’autres villes d’Ile-de-France, à Lyon, Toulouse, dans le Nord, à Marseille, St-Etienne, Montpellier, Bézier, Nîmes… La France entière est concernée. Les violences urbaines prennent plusieurs formes : destructions de vitrines, incendies de voitures, de poubelles ou de transports publics, affrontements avec les forces de l’ordre, attaques des symboles institutionnels (écoles, mairies, prisons). Les actes sont filmés sur les réseaux sociaux (TikTok, Snapchat). On y voit, pour la plupart, de très jeunes hommes, plus adolescents qu’adultes. Certains filment, d’autres cassent des vitrines ou prennent des produits alimentaires dans les magasins où ils se sont introduits. Les jours d’émeutes se succèdent mais les violences s’atténuent. Au bout d’une semaine de violences, le bilan est là : 2508 bâtiments dégradés, plus d’un millier d’interpellations et plus d’un millier de voitures brûlées.

    Vient ensuite la réaction politique et médiatique. La mort de Nahel est vite écartée pour laisser place à une déferlante de haine contre les émeutiers et leurs familles. Du côté du pouvoir, de la droite et de l’extrême droite, on accuse les parents d’être irresponsables. Darmanin fustige les familles des émeutiers, « complices de leur progéniture ». Emmanuel Macron, tout en tenant des propos similaires, ajoute que ces jeunes sortent du réel, car intoxiqués par les jeux vidéo. Le gouvernement appelle de manière générale au calme. Ce n’est pas le cas du président du parti de droite Les Républicains, Éric Ciotti, qui lui, demande la mise en place d’un état d’urgence comme l’avait fait Dominique de Villepin lors des émeutes de 2005. Du côté de la police, ses deux principaux syndicats, Alliance et UNSA-Police, publient un communiqué dans lequel ils appellent à la guerre civile contre les « nuisibles » et les « hordes de sauvages ». Les syndicats parlent de « dictat » des « minorités violentes » face auxquelles il ne faut pas se soumettre mais combattre. Suite à la vague d'indignation provoquée par le communiqué les syndicats retirent celui-ci pour en publier un second dans lequel ils dénoncent une mauvaise interprétation de leur texte.

    La surenchère est permanente et s’exprime de diverses façons, comme en témoigne la cagnotte ouverte en soutien à la famille du policier mis en examen lancée le 29 juin par Jean Messiha, ancien membre du Rassemblement National (RN) et soutien d’Éric Zemmour. La cagnotte, clôturée ce mercredi 5 juillet, aura atteint plus d’1,5 million d’euros. La famille de Nahel avait auparavant déposé plainte le 4 juillet pour « escroquerie en bande organisée ».

    Du côté de la gauche, le chef de la France Insoumise (FI), Jean Luc Mélenchon n’appelle pas au calme, affirmant que les policiers sont « responsables d’une partie de la situation ». Il concède certaines violences mais pas d’autres. Sa position agace certains membres de la NUPES (Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale) dont LFI fait partie. Olivier Faure, membre de la Nupes, exprime un « profond désaccord » avec Jean Luc Mélenchon, estimant que l’on ne peut encourager certains actes. Du côté du Parti Communiste, le président Fabien Roussel se désolidarise aussi de la pensée du chef de la FI et appelle aussi au calme.

     

    Du fantasme permanent

    Si l’extrême droite exprime sans gêne sa haine envers les immigrés ou les enfants d’immigrés nés en France (et donc Français) c’est parce que les préjugés sont tenaces. La Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) a présenté en mars 2023 son rapport annuel sur la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie. Malgré une stabilisation, à la hausse, du niveau de tolérance depuis 1990, certains préjugés persistent. Par exemple, 21,4% des Français interrogés pensent que les enfants d’immigrés nés en France ne sont pas français, 59.6% pensent que de nombreux immigrés viennent en France uniquement pour profiter de la protection sociale, 42% pensent que l’immigration est la principale cause de l’insécurité, 37.6% que les juifs ont un rapport particulier à l’argent. Il n’est donc pas étonnant d’entendre encore des termes comme « ensauvagement » ou « grand remplacement » et d’observer une opposition constante entre les « étrangers » et « nous » lors de certains débats. Des médias comme CNews ou Sud Radio en font leur fonds de commerce. Même les philosophes se mettent à essentialiser le débat. Michel Onfray, invité de Laurence Ferrari sur « Punch Line », émission co-diffusée sur Europe 1 et CNews, parle de « guerre civile » pour qualifier les derniers évènements. Selon lui, il n’y a pas d’opposition entre les « étrangers » et les Français mais entre ceux qui n’aiment pas la France et ceux qui l’aiment. Accusant la gauche d’avoir encouragé le « consumérisme », le philosophe se perd à établir un lien entre les émeutes et le désir matériel. La révolte serait libéraliste, capitaliste, amorale. Sur Sud Radio, le philosophe continue de fantasmer sur « l’argent fou » distribué dans toutes les banlieues pour les écoles ou les services publics, ajoutant qu’à « Chambois, dans mon village, il n’y a plus rien de tout cela ». On observe alors plusieurs discours qui reposent sur des idées reçues. Un discours d’extrême droite qui s'efforce de prouver que l’immigré ou le fils d’immigré est incompatible avec le Français parce qu’il ne peut pas et/ou ne veut pas s’intégrer. Un autre discours, souvent entendu dans le camp du gouvernement et du parti LR, rejette toute responsabilité des institutions et des choix politiques quant à la situation actuelle. Selon eux, il n’existe aucun problème systémique dans la police ou au gouvernement, la patate chaude est ''refilée'' aux mères de famille, à la religion, à la culture. A aucun moment ne sont remis en cause le système policier ou la politique de la ville. Pendant que Darmanin « s’étouffe » lorsqu’il entend parler de violences policières, la présidente de l’Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet assure qu’il n’y a « aucun problème » dans la police en France. Il faudrait se garder, selon elle, « de jeter l’opprobre sur une profession dans son ensemble qui exerce sa mission de façon merveilleuse. »

     

    Une réalité qui ridiculise le fantasme

    Comment combattre ces fantasmes ? Les faits peuvent être interprétés de diverses façons, mais pas les chiffres. Revenons sur le fantasme d’Onfray qui, comme tant d’autres, oppose les banlieues à la France périphérique. Onfray dénonce le « pognon de fou » qui est dépensé dans les banlieues, en opposant à cela le peu d’argent versé aux villages comme le sien où il n’y a pas d’école. Cela nous rappelle l’expression « pognon de dingue » prononcée par Emmanuel Macron en 2018 pour parler des minimas sociaux. Comme le chef de l’Etat, Onfray caricature et refuse de voir une réalité de terrain qui lui échappe. Il faut d’abord rappeler une chose importante : les quartiers où les difficultés sociales sont présentes ne sont guère favorisés comparé au reste de la population. Moins de 1% du budget de l’Etat est attribué à ces quartiers. Comme le rappelle l’article du Monde du sociologue Renaud Epstein, « les seuls milliards dont ces quartiers ont vu la couleur sont ceux de l’Agence nationale pour la rénovation urbaine (ANRU), qui ne proviennent que marginalement de l’Etat ». 90% de ce budget provient d’Action Logement et de l’Union sociale pour l’habitat. « Ce sont donc les cotisations des employeurs pour le logement de leurs salariés et les contributions du monde HLM (habitation à loyer modéré) qui financent la rénovation urbaine et non les impôts des Français. »

    Un deuxième fantasme repose sur l’exemplarité de la police qui ne serait ni systémiquement violente, ni défectueuse dans son ensemble. Heureusement que de temps à autre, certains universitaires en viennent à étudier le système policier français pour contrer les propos superficiels et mensongers de nos chers garants de la République. C’est en tout cas ce qu’a fait Paul Rocher dans son ouvrage « Que-fait la police ? ». L’auteur nous confirme que le comportement violent observé chez les forces de l’ordre ne s’explique pas par quelques « mauvais » policiers qui se seraient glissés entre les mailles d’un appareil vertueux. La violence qu’exerce la police est tout à fait révélatrice de sa nature coercitive qui ne cesse de croître. Depuis vingt ans, le budget de la police a augmenté de 30% (contre 18% pour le budget de l’éducation). L'augmentation des armes non-léthales a conduit à une poussée de la violence. Et pourtant, il n’existe aucune corrélation entre l’augmentation du budget de la police et la baisse du taux de criminalité. En plus de sa nature coercitive, la police intègre des méthodes qui ne peuvent qu’entraîner des dérives racistes. Le contrôle d’identité est largement utilisé et il concerne souvent les mêmes personnes (délit de faciès). Alors qu’en réalité, ces contrôles ne sont pas des outils de dissuasion efficaces. Comme le souligne Paul Rocher, Emmanuel Macron cherche des prétextes quand il sous-entend que certains membres de la police seraient racistes parce que la société est aussi traversée par le racisme. Seulement, rien n’a été fait pour améliorer les relations entre la police et les habitants des quartiers. Aucune volonté politique n’a cherché à apporter des solutions concrètes. La police de proximité, instaurée en 1998 par le socialiste Lionel Jospin pour faciliter le vivre ensemble, a été supprimée en 2003 par l’ancien président Nicolas Sarkozy qui estimait que la police n’était « pas là pour organiser des tournois sportifs mais pour arrêter des délinquants ». Emmanuel Macron a ensuite lancé l'idée, en 2017 d'une « police de sécurité du quotidien » qui aurait pour but de revenir dans les quartiers dits de « reconquête républicaine » pour que la police et les associations locales travaillent ensemble. L’idée n’est pas mauvaise, mais une idée sans volonté politique ne peut se concrétiser. Comme le dit le sociologue Fabien Truong, « la police doit rester un service public », proche des gens, pour faire la différence entre ceux qui « dealent » et les autres. Pour cela, il faut former la police à plus de pédagogie, à plus de proximité avec la population, à plus de communication avec les acteurs sociaux des quartiers (assistants sociaux, associations locales). Au lieu de cela, le chef de l’Etat choisit la stratégie de la punition en pointant du doigt la responsabilité civile des familles des émeutiers et en facilitant leur condamnation à grands coups de circulaires.

     

    Que penser de la violence de ces émeutes ?

    Les nuits d’émeutes ont été la cible de violentes attaques de la part de la droite, de l’extrême droite et du gouvernement. En s’en prenant à l’autorité des parents, aux jeux vidéo, à la soif matérialiste de jeunes adolescents, ces détracteurs ont pour seule volonté d’empêcher toute revendication politique d’émerger de ces émeutes. Ces « pilleurs » n’auraient aucune conscience politique, ne seraient là que pour saper l’esprit républicain et détruire ses symboles. Si l’on met de côté un moment le racisme ambiant qui n’a aucun mal à trouver sa place dans le débat public, il reste à discuter de la cécité du gouvernement. Emmanuel Macron et son équipe refusent d’avouer un problème systémique. Pourtant tout problème systémique tend à réapparaître s'il n'est pas corrigé. Emmanuel Macron aurait-il oublié les émeutes de 1979 dans les quartiers de Lyon pour dénoncer le harcèlement policier ? Que dire de celles de 1994 après la mort d’Ibrahim Sy, tué par la police pour avoir tenté de voler une voiture ? Serait-il passé à côté des émeutes de 2005 à Clichy-sous-Bois après la mort de Zyed Benna et Bouna Traoré, morts dans l’enceinte d’un poste électrique alors qu’ils échappaient à un contrôle policier ? Pourquoi les émeutes de 2023 ne seraient-elles pas politiques ? Les jeunes des quartiers ont des raisons de se rebeller. La mort de Nahel aurait pu être la leur. Ce n’est pas la première fois qu’un policier "dérape". Ces jeunes savent qu’ils ont plus de chances d’être contrôlés que d’autres citoyens, ils savent que ces contrôles peuvent mal tourner. Ils sont les premières victimes d’une volonté politique à sens unique. De son côté, la police dispose de plus de pouvoir et reste parfois impunie. Magali Lafourcade, secrétaire générale de la CNCDH, le confirme dans Médiapart : « entre 2009 et 2018, le nombre de sanctions pour des faits de violences commises par des policiers a été divisé par trois. Et les demandes d’ouverture de procédures disciplinaires par le Défenseur des droits, lorsqu’il est saisi pour des fautes commises par les forces de l’ordre, ne sont pas suivies d’effets ». Il faudrait selon elle abroger la loi de « sécurité publique » de 2017 qui facilite le port et l’usage d’armes à feu. Il faut que le gouvernement envoie un message clair : les infractions commises par la police doivent être aussi sévèrement punies que celles des « dealers » ou des « émeutiers » dans le cas des évènements récents.

    Du côté des habitants de ces quartiers, les conséquences sont multiples. Les associations locales ne sont pas assez soutenues, les jeunes n’ont pas les mêmes chances de réussir. Comment croire aux devises républicaines d’égalité et de fraternité lorsque l’on subit la discrimination à l’embauche, lorsque l’on arrive en retard à un entretien parce que les transports publics de sa banlieue ne sont pas aussi bien entretenus que les autres ? Comment espérer s’en sortir lorsque le gouvernement ne donne aucune priorité à ces questions ? Emmanuel Macron a délaissé les quartiers, et ce n’est pas son plan « Quartiers 2030 » qui va redonner l’espoir du changement. Il avait lui-même torpillé en 2018 le plan Borloo, également baptisé plan banlieue de ''réconciliation nationale'', humiliant au passage les acteurs politiques de la ville. Le président propose des mesures mais n'offre pas les moyens nécessaire à leur mise en oeuvre. En 2019, il avait lancé le Conseil Présidentiel des Villes (CPV), censé donner une représentation aux quartiers populaires. Ce fut un échec puisque les recours et les alertes faites par les membres du conseil ne furent pas prises en compte. Les maires des communes populaires comme Gilles Leproust vivent l’abandon des cités avec cynisme : « Quand on est maire d’une commune populaire, il vaut mieux être optimiste ».

    Alors oui, il ne fait aucun doute qu’il existe une volonté politique derrière ces émeutes. Lorsqu’on est victime de préjugés racistes, que l’on est accusé à tort de pomper le budget de l’Etat, lorsque l’on est la cible de termes comme « ensauvagement », « nuisible », « grand remplacement », lorsque l’on subit l’inégalité des chances, il existe un combat politique à mener. A quoi cela sert t-il de rechercher une utilité directe au saccage des magasins, véhicules et services publics ? La colère s’exprime de diverses manières et choisit ses symboles. Comme tout acte radical venant s'opposer à un système, une violence émerge. Quand des militants écologistes, comme José Bové, fauchent des champs OGM ou, comme les Soulèvement de la Terre, s’attaquent à des mégabassines, le combat est politique. Lorsque des black bloc détruisent des symboles capitalistes (automates de banque, affiches publicitaires sur les abris-bus) le message est politique. Pourquoi la colère de ces jeunes envers une police raciste et un gouvernement désintéressé de leur sort ne serait-elle pas politique ? D’ailleurs, tout comme pour les violences des black bloc, on entend des familles condamner ces violences tout en les comprenant. Certes, casser une vitrine ne transformera pas Macron en un président soucieux des habitants de ces quartiers. Pour autant, le gouvernement continue à mépriser ces gens en leur ôtant toute possibilité de s’exprimer. La censure ne s'exerce pas qu'à travers la matraque. En infantilisant les acteurs des émeutes, en accusant les familles, le gouvernement souhaite détruire toute légitimité de contestation. A chaque action contre sa politique, le chef de l’Etat sort la carte des « valeurs républicaines » alors qu’il est le premier à les bafouer. Selon lui, il n’y aurait aucune raison de militer et de se rebeller en France. Quand on observe son mépris envers ses opposants, on croirait presque qu’il n'a aucune raison de se remettre en question. Peut-être pense-t-il agir sincèrement pour les banlieues, que les Français sont heureux au travail, que la police est systémiquement saine et que notre système économique est respectueux de notre environnement. Les faits nous montrent une réalité tout autre. Le mot « République », contre vents et marées, est une coquille vide qui permet au gouvernement de ne pas faire face aux conséquences de ses actes. Pour ces acteurs politiques, la faute est toujours ailleurs, imputable à ceux qui subissent ces politiques discriminatoires. Les problèmes des banlieues seraient causées par ses habitants. La misère sociale en France viendrait des pauvres et des « fainéants » auxquels Macron ne veut rien concéder, surtout pas en leur donnant « un pognon de dingue ». Seule la volonté de punir ressort avec un message clair : si tu as des problèmes c’est que tu le mérites ou, du moins, c’est que tu fais partie de la cause. Détruire les vitrines ne résout rien mais comment penser résoudre le problème des banlieues en matraquant nos jeunes ?

    Ne les privons pas de leur combat politique. Le gouvernement refuse systématiquement de se remettre en question. L'exonérer de sa responsabilité quant à la misère sociale présente dans les quartiers défavorisés reviendrait à se rendre complice de la double peine vécue par ces jeunes : celle d'endurer injustices et humiliations et celle de faire face à l'incompréhension de leur révolte. Ne soyons sourds ni à leurs problèmes, ni à leurs revendications.

     

    Références

    AOC :

    Tuer un enfant : oui, si c’est un « nuisible »

    Émeutes 2023 : la présence des absents

    Les retraites, les banlieues et l’économie morale de la foule

    Dessine-moi un avenir

     

    Le Monde

    Fabien Truong, sociologue : « Dans ces quartiers, la pauvreté et l’insécurité sont des réalités concrètes. C’est pourquoi cette colère est politique »

    Emeutes : à l’Assemblée, la gauche dénonce les « violences policières », le gouvernement accuse LFI d’avoir « contribué à mettre le feu aux poudres »

    Emeutes urbaines : « Ce qu’elles révèlent, ce n’est pas tant l’échec de la politique de la ville que celui de toutes les politiques publiques »

    Emeutes urbaines : plusieurs organisations de gauche dénoncent un « racisme systémique » de la société

    La famille de Nahel M. dépose plainte contre Jean Messiha pour avoir ouvert une cagnotte en faveur du policier mis en examen

     

    Médiapart

    Plan contre le racisme : le gouvernement combat le « monstre » au lance-pierre

    Police, éducation, emploi : 10 propositions pour les quartiers populaires

    Face à la stratégie incendiaire du pouvoir, l’urgence de réponses politiques

    Macron et les quartiers populaires : récit d’un abandon

    Après la mort de Nahel, les députés plaquent leurs fantasmes sur la justice

    Lutte contre le racisme : la CNCDH alerte sur « la haine de l’Autre »

    Vincent Tiberj : « Tout démontre qu’il y a du racisme dans la police »

     

    Autres sources :

    Discours Emmanuel macron en réaction aux émeutes

    Rapport de la CNCDH