"Philo Fiction" est un podcast basé sur le livre portant le même nom, Philo Fiction : Penser avec le cinéma par Jiri Benovsky, sorti en mai 2023. Les épisodes peuvent être écoutés dans le désordre car ils abordent chacun une thématique à part. Comme Jiri Benovsky le remarque d’emblée, la philosophie et la science-fiction font bon ménage. En fait, on pourrait même dire que la philosophie est le laboratoire dans lequel se prépare les expériences de pensée qui se retrouvent au cœur des récits de science-fiction que l’on dévore si volontiers. Jiri Benovsky le souligne dans le premier épisode de son podcast : être philosophe et être scénariste sont des métiers qui se ressemblent beaucoup. Les deux créent des idées et racontent une histoire, un message ou encore une idée à emmener avec soi. C’est rafraîchissant : dans ce podcast, Benovsky lève le voile d’ignorance (pun intended, Rawls) sur l’image stéréotypée du philosophe. Non, nous ne sommes pas de mystérieuses créatures vivant de poussière de livres de bibliothèque et d’encre fraîche, figeant notre pensée sur papier. Non. Nous sommes des êtres vivants avec nos bizarreries propres, et peut-être un goût partagé pour l’humour. C’est en cela aussi que nous nous rapprochons des scénaristes. Je remercie chaleureusement Jiri Benovsky pour avoir brisé le mythe.
Épisode 1 : une vie de rêve
Dans le premier épisode, Jiri Benovsky explique en quoi les expériences de pensée sont la matière première pour la science-fiction et pourquoi la science-fiction se prête si bien pour véhiculer ces expériences farfelues de philosophes qui riraient certainement beaucoup de toute l’encre qu’ont fait couler leurs expériences de pensée, renouvelées au sein de la culture populaire, à travers films, séries ou encore les livres.
D’un ton enjoué, Jiri Benovsky nous demande : « Qu’est-ce que Tom Cruise et René Descartes ont en commun ? » Pour découvrir la bonne réponse, je vous suggère d’aller écouter le premier épisode. Toutefois, pour vous convaincre, voici un peu plus de chair à cette question : dans cet épisode, Benovsky fait allusion aux méditations métaphysiques de Descartes, dans lesquelles ce dernier pousse son lecteur à tester quelles sont les limites du doute. En effet, étant une constante, le doute est applicable à tout. Plus encore, après avoir lu Reality+, David Chalmers nous suggère que nous vivons déjà dans une simulation, dans une réalité virtuelle.
Épisode 2 : Une Machine à fabriquer le bonheur
Dans le deuxième épisode, Benovsky aborde Matrix, un film très intéressant du point de vue philosophique. Descartes et son hypothèse du malin génie ont été mentionnés d’innombrables fois à son sujet. Au lieu de se pencher sur les méditations de Descartes, le doute et le malin génie, Benovsky interroge quelles seraient les conséquences éthiques d'une vie que l'on passerait sous forme simulée, plus précisément les conséquences sur le bonheur.
D’une réplique culte de Matrix, en passant par l’expérience du cerveau dans la cuve par Hilary Putnam, Benovsky nous propose de laisser de côté le problème de savoir ce qui est réel ou simulé pour se pencher sur la question du bonheur avec l'expérience de pensée de la machine à fabriquer le bonheur.
Cette expérience de pensée proposée par Nozick, interroge l’hédonisme utilitariste, à savoir le courant éthique selon lequel ce qui est ce qui est plaisir est bon (comme le propose l’hédonisme) et la maximisation du bon est l’action qu’il convient de faire (utilitarisme).
Si vous pouviez entrer dans une machine qui simule votre vie de manière tellement fine et précise que vous ne feriez plus la différence avec votre vie « d’avant », en sachant que la simulation virtuelle est indiscernable de la réalité, est là pour vous faire vivre tous les plaisirs et ce en quantité et degré inégalable par rapport à une vie en dehors de cette machine, y entreriez-vous ?
Pour découvrir le pour et le contre, retrouvez le deuxième épisode du podcast Philo Fiction ici.