Présentation
Sur cette page, vous retrouverez différents travaux de recherche sur la pensée du révolutionnaire russe Michel Bakounine. Ses écrits, longtemps décrédibilisés et considérés comme pauvres philosophiquement, révèlent au contraire une réflexion riche et cohérente à l'origine de nombreux mouvements et organisations libertaires. Parmi les articles que nous vous présentons sur cette page figurent ceux du philosophe Jean-Christophe Angaut, maître de conférences à l’École normale supérieure de Lyon et auteur d’ouvrages et articles sur Michel Bakounine. Dans le cadre d’une collaboration visant le partage des idées et des travaux philosophiques sur l’anarchisme, Jean-Christophe Angaut a accepté la republication de ses articles sur le site philosophie.ch. Nombre d’entre eux sont accessibles gratuitement en cliquant sur ce lien. Nous en avons sélectionné quelques-uns pour vous présenter son analyse sur différentes facettes de la pensée de Bakounine. Vous pouvez aussi suivre le travail de J-C. Angaut sur son blog.
Bakounine : Lumpenproletariat, canaille et révolution - Jean-Christophe Angaut
Dans cet article, Jean-Christophe Angaut prend comme point de départ la critique de Bakounine sur le concept marxiste de Lumpenproletariat (sous-prolétariat ou prolétariat en haillons) pour entamer une discussion sur le sujet révolutionnaire. Si, au sein du marxisme, nous retrouvons une analyse des différentes classes, déterminant celle qui serait le sujet révolutionnaire (avant-garde ouvrière), la perspective anarchiste émet, elle, une réflexion différente sur la révolution. Pour une partie des anarchistes, la révolution n’appartient pas à une classe, elle la détruit temporairement, rassemblant des individus qui, en dehors d’elle, entretiendraient des rapports différents. Ainsi, pour Angaut, rien ne sert d’opposer marxisme et anarchisme sur l’identification du sujet révolutionnaire, car il n’existe pas, chez les anarchistes, une nécessité de distinction et d’analyse des classes pour traiter de la révolution. L’anarchisme de Bakounine ne choisit pas réellement une classe en particulier, il incite chaque personne, désireuse de liberté, à s’émanciper de sa classe pour rejoindre un même combat révolutionnaire.
Bakounine contre Dieu. Religion et antithéologisme - Jean-Christophe Angaut
Cet article tente de dépoussiérer la pensée religieuse de Bakounine, non seulement pour éradiquer tous les préjugés qui lui sont liés, mais aussi pour nourrir le débat contemporain en matière de religion. Selon Jean-Christophe Angaut, si nous souhaitons comprendre Bakounine, il nous faut dépasser la critique antireligieuse caricaturale, aussi présente dans son œuvre. Bakounine combattait certes la religion dans sa version théologique et les rapports de domination qu’elle installait entre les fidèles et les autorités religieuses. Selon lui, seules les « sciences rationnelles » et la « propagande du socialisme » pouvaient barrer la route à l’endoctrinement religieux. Pour autant, Bakounine fait sortir la religion du cadre du divin pour la penser comme une « force pratique » ou « une aspiration profonde à un idéal ». La force révolutionnaire peut s’apparenter à une religion. Bakounine est donc loin d’être un laïcard qui souhaiterait éradiquer toute religion. La société doit inclure les différentes religions parce qu’elle a le devoir d'inviter au débat et non de conduire à la censure.
Le statut de la philosophie chez le dernier Bakounine - Jean-Christophe Angaut
Cet article de Jean-Chritosphe Angaut nous explique en quoi les allers-retours de Bakounine entre la philosophie et les luttes révolutionnaires reflètent la pensée bakouniniste entre théorie et pratique. Bakounine aime la philosophie parce qu’elle est un outil de délivrance face aux fables religieuses ou métaphysiques. Il attribue d’ailleurs le déboulonnage de la métaphysique à l’un de ses maîtres à penser, Hegel, qui a montré l’origine historique, psychologique et sociologique de ces idées. Cependant, la philosophie, comme instrument de libération, se trouve limitée. La théorie anarchiste ne suffit pas car elle est liée à la pratique révolutionnaire qui, elle-seule, peut conduire à la liberté. Ainsi, la théorie, sous forme de philosophie, est un moyen pour mettre en oeuvre la pratique politique. L’anarchiste doit s’informer avant d’agir, construire une nouvelle théorie au service de la pratique.