Introduction
Dans cet article, je tenterai d’expliquer sans caricaturer ce qu’est le black bloc. Puisqu’il n’est jamais facile de décrire l’âme d’un mouvement et de la théoriser, je n’ai pas la prétention de donner une définition unique de ce qu’est le black bloc. Cela est impossible. Le black bloc est un mouvement dont même les versions sur son origine varient. Les individus qui le composent ne viennent pas tous du même milieu, n’ont pas tous le même mode d’action, n’ont pas la même idéologie. Rien n’est fixe dans le black bloc ! Je brosserai donc le meilleur portrait possible de ce mouvement par la description de son évolution, de ses idées, de ses stratégies, de la réaction qu’il suscite dans les médias, de l’importance de sa présence. La grande partie des informations de cet article proviennent de l’ouvrage phare sur le sujet, « les black blocs » écrit par Francis Dupuis-Déri, professeur de sciences politiques à l’Université du Québec à Montréal.
L’objectif de cet article est double. Le premier sera de présenter le black bloc grâce aux données que nous possédons sur le mouvement. Le second sera de créer un espace de réflexion sur le sujet de la violence en manifestation. Le black bloc bouscule autant les corps que les esprits. Son mode d’action est fracassant et fait couler beaucoup d’encre sur le sujet de la violence en manifestation. La colère d’une partie de la population à l’encontre du gouvernement et de sa politique amène à des contestations qui ne sont plus, par choix, pacifiques. Il est donc important de se pencher sur la question de la violence comme moyen d’expression politique et de la raison de ce mode d’action. Le black bloc est le mouvement adéquat pour aborder ce sujet.
Origines et organisation du black bloc
Avant de parler de la naissance du black bloc, il est important de commencer par ce qui le distingue des autres mouvements. Le black block est un mouvement qui prône l’action directe et collective tout en conservant l’anonymat de ses participants. Lors des mobilisations dans la rue, il n’est pas difficile de savoir où est le bloc. Pendant les manifestations contre la réforme des retraites en France en 2023, il suffisait de se placer à l’avant du cortège pour voir se rassembler des dizaines d’individus cagoulés et vêtus de noir. Certains se positionnent sur les bords du bloc avec des parapluies, afin d’empêcher les journalistes et curieux de prendre des photos. D’autres tiennent une pancarte géante à l’avant. Le groupe avance, chante Siamo tutti antifascisti (nous sommes tous antifascistes). La suite, ce sera à chacun de la définir. Même si le bloc forme un groupe, aucun individu n’est forcé de faire tout ce que le bloc fait. Seuls certains iront briser des vitrines publicitaires sur les abris-bus, incendier des poubelles, affronter la police en leur jetant des projectiles ou en leur renvoyant leurs grenades lacrymogènes. L’action du black bloc est libre, vive, imprévue et parfois complètement pacifique comme à 2010 à Vancouver lors d’une mobilisation contre les Jeux Olympiques d’hiver. Parfois, le black bloc sert à distraire les policiers pour qu’ils ne s’en prennent pas à d’autres manifestants. Le black bloc n’est donc pas seulement violent. Ce n’est d’ailleurs pas la violence qui le distingue du reste des manifestants. D’autres avant eux ont usé de la violence pour exprimer leur colère et combattre un ennemi politique. Les suffragettes, militantes qui se sont battues pour le droit de vote des femmes en Angleterre au début du XXème siècle, ont fracassé des vitres de bâtiments appartenant au gouvernement pour contester la domination masculine. En France, la révolte anti-autoritaire de mai 68 était un moment de grande violence. Nous pouvons aussi citer les groupuscules d’extrême gauche comme Action directe ou Brigades rouges qui étaient connus pour leurs méthodes violentes. Le black bloc n’est pas le premier mouvement exerçant la violence. Comme l’écrit Dupuis-Déri, « la particularité de cette tactique, en comparaison avec d’autres unités de choc, réside principalement dans sa proposition esthétique, soit la tenue noire ». Ainsi, pour retracer les origines du black bloc, il faut retrouver les premières expressions de cette esthétique.
C’est à l’Ouest de Berlin en 1980 que l’on observe les premiers black bloc. Inspirés des idées marxistes, féministes, écologistes, anarchistes, les Autonomen (en référence au mouvement italien Autonomia) menaient diverses actions pour défendre leurs valeurs.
Les Automen privilégiaient, comme mode d’expression politique, les grèves de paiement de loyer et la réappropriation d’espaces d’habitation pour y ouvrir des squats par centaines, à la fois des lieux d’habitation et d’animation politique. Plusieurs y offraient gratuitement nourriture et vêtements, et hébergeaient des centres d’information (infoshops ou « info-kiosques »), des librairies, des cafés, des lieux d’assemblées publiques et des salles de concert et d’exposition. Le mouvement occupait à l’occasion des universités et se battait dans les rues contre les néonazis qui attaquaient les immigrantes et les immigrants, et contre les policiers qui défendaient les centrales nucléaires.
A la place du chandail noir, du capuchon et de la cagoule que portent les membres du black bloc de nos jours, les Autonomen s’équipaient de vestes en cuir noires, de casques de moto, de boucliers et de bâtons. Ils formaient ce que les médias appelèrent pour la première fois le « Schwarzer Block » (black bloc). Depuis, le black bloc n’est plus seulement allemand, il est un phénomène mondial qui lutte sur plusieurs fronts et qui s’attaque aux symboles du capitalisme. Parmi ses plus grosses cibles, les Sommets du G8, du G20, de l’OMC (organisation mondiale du commerce), les réunions du FMI (fonds monétaire international) et de la Banque mondiale, les Jeux Olympiques. C’est à Seattle, le 30 novembre 1999 en marge des manifestations au Sommet de l’OMC à Seattle, que le black bloc se fait connaître mondialement. Les affrontements avec la police et les vitres brisées des multinationales firent le tour du monde. En France, le black block fait son apparition en 2014, en marge des blocages de projet comme à Sivens (contre la construction d’un barrage). De nos jours, on les retrouve chaque année lors de manifestations à Paris comme pour le 1er mai. Dernièrement, le 25 mars 2023, le black bloc était présent à la manifestation contre le projet de mégabassine à Sainte Soline (Deux-Sèvres).
Propagande par le fait et réaction à la violence.
Le black bloc est une organisation dont le moteur est la propagande par le fait, préférant l’action directe aux discours. Au XIXème siècle, l’action directe, expression spontanée du mouvement révolutionnaire, était encouragée par des anarchistes comme Louise Michel. Le 1er mai 1891, les anarchistes décident de faire une journée de lutte et d’action. Des échauffourées débutent entre les anarchistes et la police. Plusieurs d’entre eux sont arrêtés, brutalisés et condamnés à de lourdes peines (affaire de Clichy). Le même jour, à Fourmi, dans le Nord, des femmes et des enfants, appartenant à un cortège qui revendiquait la journée de huit heures de travail, sont tués par la police. Ce sera à la suite de ces évènements que des anarchistes comme François Claudius Koënigstein dit « Ravachol », feront sauter à la dynamite plusieurs bâtiments. Ravachol place ses bombes symboliquement sur le boulevard Saint-Germain et dans la rue de Clichy, devant les portes des appartements du juge et de l’avocat général, auteurs des lourdes peines attribuées aux anarchistes lors des révoltes. Ces bombes ne tuèrent personne, elles étaient l’expression symbolique de la colère face aux répressions policières du 1er mai 1891. Les médias français et étrangers se saisirent ensuite de l’affaire pour faire de Ravachol un personnage sombre et dangereux. Ce type de réaction médiatique fait écho à celle concernant les black blocs. La violence qui se produit lors de certaines manifestations est du pain béni pour la presse qui dénonce le plus souvent le comportement des acteurs du bloc tout en diffusant en boucle des images de violence pour attirer l’œil. La réaction des médias est d’ailleurs assez représentative de la réaction générale à leur sujet. La plupart des critiques sur le black bloc sont exagérées et infondées. Elles accusent le mouvement d’être sans volonté politique, sans idéologie, de vouloir seulement casser, d’être un groupe d’anarchistes, de ne pas être de « vrais » manifestants. Chez les politiciens, les individus qui ne manifestent pas pacifiquement sont vite discrédités. Theresa May, ministre de l’Intérieur britannique, les qualifiait « d’écervelés » en 2011 après les révoltes contre la politique d’austérité à Londres. Au Sommet du G8 à Gênes, on entendait le chancelier allemand Gerhard Schröder dire qu’ils « n’ont aucune croyance politique » pendant que le premier ministre canadien menaçait toute personne souhaitant « détruire la démocratie ». En France, le premier ministre Gérald Darmanin n’hésite pas à utiliser le terme « d’éco-terrorisme » pour parler des manifestations écologistes aux mégabassines de Sainte-Soline, où certains black blocs étaient présents. Les journalistes relaient les images des affrontements, tout en utilisant les termes « extrémistes », « vandales », « anarchistes violents » pour qualifier les membres du black bloc. Même du côté des syndicats et des associations de gauche, on retrouve ce genre de discours. Que ce soit au sein du parti travailliste anglais ou de l’association ATTAC, en France, qui parlent de « violences d’anars ou de casseurs », plus « antidémocratiques que les institutions qu’ils combattent soi-disant ».
Degrés de violence
Ces critiques ne sont pas surprenantes. Elles dénotent le rejet de la violence dans l’imaginaire collectif. Mais la plupart de ces accusations sont fallacieuses. Comme les émeutes qui suivirent la mort de Nahel à Nanterre, représentatives d’un ras-le-bol généralisé quant à la situation de crise des banlieues, les violences du black bloc sont politiques. Le black bloc lutte contre une violence bien plus terrible que quelques vitrines cassées ou poubelles brûlées. Ce qui est fallacieux, c’est de diffuser en boucle des images de personnes vêtues de noir casser des vitrines en les qualifiant de voyous sans pour autant dénoncer, avec autant de force, les violences policières et les dérives capitalistes. Rappelons que le black bloc s’attaque à des marques comme Banana Republic et GAP qui saccagent des forêts du nord-ouest des États-Unis et réduisent en esclavage les travailleurs qui bossent dans des « sweatshops ». Ou alors contre Nike et Levi’s qui proposent des produits hors de prix alors qu’ils sont confectionnés dans des ateliers de misère. Ou encore Starbucks qui exploite des fermiers et détruisent des espaces de forêt pour leur production. La liste est longue et les exactions bien plus violentes que les heurts provoqués par quelques personnes cagoulées. Seulement, cette violence reste invisible parce qu’elle n’est pas dénoncée de la même manière, parce que ses acteurs sont le plus souvent impunis ou ne payent que des amendes dérisoires si nous les comparons à leur fortune. Les décisions politiques qui sont violentes à l’égard de ses citoyens échappent aussi aux attaques médiatiques et à la répression policière. Quand le gouvernement d’Emmanuel Macron baisse les aides pour le logement (APL) ou souhaite faire travailler ceux qui perçoivent le revenu solidaire actif (RSA), aucun policier ne vient lui asséner un coup de matraque sur la tempe. Quand il demande à tous les Français de travailler deux ans de plus pour faire des économies alors qu’il ne cesse de donner des avantages fiscaux aux plus aisés, il n'est pas plaqué violemment au sol et menotté. Pourtant, en continuant d’appliquer une politique d’austérité et en favorisant ceux qui profitent déjà d’un système à deux vitesses, il exerce une violence terrible sur une grande partie des citoyens français.
Violence légitime ?
Rien ne sert de caricaturer les actions du black bloc pour discuter de la violence. Il est évident que l’on ne peut pas donner de la légitimité à un mouvement qui ne souhaiterait que casser, violenter ou tuer des policiers. Mais penser que le black bloc se limite à cela révèle un manque de réflexion consternant. Le black bloc n’agit pas dans le but de « tuer du flic » ou « tout casser », il s’attaque à des symboles capitalistes et s’en prend à la police car elle défend ce modèle. Le terme « forces de l’ordre » est révélateur de sa fonction, celle de défendre l’ordre établi. Si nos institutions agissaient dans le seul but de préserver la santé de ses concitoyens et le milieu lequel ils vivent, si elles avaient une autorité démocratique légitime, c’est-à-dire choisie par une réelle majorité et discutant régulièrement avec ses contre-pouvoirs, alors la police défendrait le peuple en défendant l’ordre établi, c’est-à-dire la République. Mais nous sommes loin de cette situation et les militants viennent le rappeler. Rappelons aussi que l’obtention de certains droits ont été soutenus par une contestation violente. Le combat des suffragettes fut majeur dans l’obtention du droit de vote au Royaume-Uni. Les actes pacifiques de Gandhi et de Martin Luther King furent aussi accompagnés de conflits violents. Comme le questionne Dupuis-Déri, « est-ce que les militantes et militants de la non-violence auraient pu parvenir, sans la violence de leurs alliés, à chasser les colonisateurs britanniques de l’Inde dans le cas de Gandhi, ou à briser la ségrégation raciale aux États-Unis dans le cas de King ? Il est permis d’en douter, même si nous ne pourrons jamais connaître la réponse ».
Revenons sur la question de la légitimité de la violence. Comme nous l’avons vu précédemment, la violence ne semble pas trouver sa place dans l’opinion et ne saurait être légitime en tant que telle, si d’autres solutions s’avéraient être plus efficaces. Mais que faire lorsqu’une forme de violence est tolérée et non celle qui se dresse contre elle ? Que faire lorsque la violence institutionnelle arrive à devenir légitime et qu’aucun moyen pacifique ne parvient à apaiser cette violence ? Peut-on accepter la violence si elle combat une violence encore plus grande que la sienne ? C’est en tout cas ce que semblent penser les mouvements radicaux qui ne veulent plus vivre dans un monde où la violence issue du modèle capitaliste est complètement légale.
Violence efficace ?
Traitons maintenant de l’efficacité de la stratégie du black bloc. Si leurs méthodes sont systématiquement discréditées parce que parfois violentes, pourquoi continuer ? N’ont-ils pas besoin de convaincre ? Tout d’abord, il semble que ce qui motive les militants les plus radicaux n’est pas l’efficacité directe mais l'action symbolique. Que l’on critique ou défende les agissements des black blocs, le tumulte politico-médiatique qui suit leur permet de faire parler d’eux et de leur combat. Lorsque le mouvement MeToo a débuté, certains l’avaient vivement critiqué. Cependant, l’ampleur médiatique du phénomène a remis le sujet des violences faites aux femmes sur la table. Quand Greta Thunberg devient célèbre en 2018 en faisant appel à la grève des écoles pour le climat, certains ont le poil qui s’hérisse. Ses détracteurs l’estimaient incapable de tels discours, ils l’attaquaient sur son âge, sur son autisme. Mais, une fois encore, l’engouement médiatique autour de sa personne a remis la question climatique sur le devant de la scène. Les black blocs, tout comme les autres militants, combattent une vision du monde qui leur est insupportable. Les opposants du militantisme radical tentent de discréditer ses acteurs. Ils parlent de « bien-pensance » ou de personnes qui leur font la morale. Mais si le discours des militants, black blocs ou autres, est moralisateur ou bien-pensant, est-ce parce que les valeurs qu’ils défendent relèvent tout simplement du bon sens ? Cela peut paraître enfantin de le résumer de cette manière, mais ne souhaitons-nous pas tous un monde où chacun peut évoluer en disposant des mêmes chances de réussite, un monde où la terre n’est pas ravagée par une surexploitation des sols, où l’on ne mange pas des aliments dopés aux engrais de synthèse ou pulvérisés d’insecticides cancérigènes ? A en croire les accusations contre ces « casseurs » ou « éco-terroristes », il faudrait manifester bien sagement et accepter l’ordre républicain qui n’a de républicain que le nom, juste parce que la République est intouchable et la violence intolérable. Promouvoir, selon l’expression de Dupuis-Déri, un « capitalisme à visage humain », n’en fait pas pour autant un système vertueux. Le black bloc s’oppose donc au manque de courage politique de ceux qui ne veulent pas prendre des mesures radicales. Ce mouvement ne semble pas rechercher une efficacité à court terme qui serait à convaincre immédiatement la population. L’action du black bloc cherche l’efficacité de l’action symbolique, qui, à force d’être répétée, inscrit de nouvelles valeurs dans les mœurs et incitent à des changements lorsque le gouvernement ne peut résister au basculement des opinions. Si la population est choquée par de telles violences, c’est parce que dans son imaginaire, les images de quelques voitures brûlées demeurent plus fortes que la violence du capitalisme qu'ils cautionnent. Les militants ont très bien compris qu’ils ne doivent pas attendre que l’opinion change pour agir. Les mœurs ont parfois besoin d’être bousculées pour évoluer. Il fut une époque où un citoyen lambda en France pouvait trouver cela normal qu’une femme ne vote pas ou que son pays en colonise d’autres. Des hommes et des femmes ont dû se battre contre ces injustices, bousculer l’imaginaire d’une société pour qu’il se transforme et que les dérives racistes et patriarcales ne soient plus tolérées. La violence ne doit évidemment pas devenir une norme de revendication. Elle ne doit se manifester que lorsque l'ordre établi, par sa puissance, musèle toute autre forme de contre-pouvoir.
Violence des l'action, mais idées républicaines.
Les institutions en place et leur politique économique capitaliste sont seules responsables de l’émergence de la violence du type black bloc. Il n’y aurait pas de black bloc sans l’exploitation des travailleurs par les grandes entreprises, sans discrimination raciale et/ou de genre. Pas de militants écologistes radicaux sans complicité gouvernementale avec des syndicats agricoles qui préconisent des méthodes polluantes et destructrices pour notre planète. Évidemment, toute personne peut critiquer ces mouvements en les accusant d’agir pour un idéal, pour un dogme qui n’a pas été choisi par les autres citoyens. Cette accusation est fallacieuse. N’hésitons pas à le répéter, ces militants se battent seulement pour une planète plus saine et une société plus égalitaire. De nombreuses données scientifiques, comme celles du GIEC, les statistiques sur les violences politiques et policières ou sur les inégalités confirment leurs arguments. Les black blocs ne sont pas des « écervelés » sans opinion politique. Tout est politique dans leur combat. Il faut rappeler que la plupart des militants ou lanceurs d’alertes prennent des risques en agissant pour nous tous. Les journalistes d’investigation comme Denis Robert pour l’affaire ClearStream (dénonçant l’évasion fiscale) prennent des risques énormes et sont souvent accusés de diffamation par des sociétés aux moyens financiers considérables. Les manifestants des gilets jaunes qui ont lutté contre la politique d’austérité ont pris le risque de se faire tabasser voire éborgner. Les militants de Sainte-Soline ont encaissé 5000 grenades en moins de deux heures pour aller percer les mégabassines qui accaparent d’énormes quantités d’eau, destinée à seulement quelques exploitations agricoles pratiquant l’agriculture intensive. Ne les accusons pas de se battre seulement pour leurs idées. Ces mêmes idées sont scandées par les représentants des partis politiques lors des élections présidentielles. Les gouvernements sont censés défendre ces idées par la suite. Les programmes présentés par Emmanuel Macron lors de ses campagnes présidentielles mettaient en avant leur volonté de régler le problème du dérèglement climatique, des inégalités sociales. Cela veut bien dire que les idées de ces militants radicaux sont populaires puisque utilisées comme arguments de ventes lors des meetings politiques.
Quelques mots pour conclure
Le black bloc ne fait que rappeler aux gouvernements qu'une partie du peuple est prêt à braver la loi pour défendre des principes chers à une très grande majorité de gens. Certes, le black bloc n’est pas irréprochable. Des individus rejoignent leurs rangs pour saccager des commerces qui n'ont rien de symboliques. Au sein même de certains black blocs peuvent exister des comportements sexistes, des hiérarchies autoritaires. Le mouvement est loin d’être parfait et peut être critiqué de manière constructive. Mais, comme tout mouvement militant, il joue un rôle précis dans la contestation de l’ordre établi. Il met en exergue la question de la radicalité et de la violence en politique. Pendant que les participants du black bloc se font gazer et tabasser, tout spectateur pourra constater que nos institutions légalisent un type de violence pour en réprimer un autre, par la violence…
Références
Francis Dupuis-Déri, les black blocs, LUX, 2019.
Documentaire sur l'anarchisme de Tancrède Ramonet.
Le Monde : Le black bloc, expansion d’une tactique d’ultragauche controversée