Ma vie à l'uni

Mon expérience de la philosophie

Licence (Bachelor) à distance

    Alors que je finissais un stage dans un hôpital d’Hanoi au Vietnam pour mes études de physiothérapeute (kinésithérapeute), je me posais des questions sur la suite de mon parcours. Le métier de physiothérapeute semblait me plaire, mais ne correspondait pas à toutes mes attentes. Comme à chaque étape de ma vie, je voulais que mes projets personnels me permettent d’avancer. Mes études touchaient à leur fin, j’allais bientôt devoir trouver un travail. Je décidais donc après mûre réflexion de commencer des études de philosophie. Pendant mon cursus de physiothérapie à Eindhoven (Pays-Bas), j’eus l’occasion de découvrir les neurosciences lors d’un échange en Corée du Sud. Après cet échange, je me remis à me passionner pour des questions de sciences cognitives, mais aussi philosophiques. Ces nouvelles questions résonnaient encore à la fin de mes études lors de mon dernier stage au Vietnam. Je décidai donc de m’inscrire directement à un master intitulé « Philosophy of Neuroscience » à l’université VU Amsterdam, espérant que mon diplôme de physiothérapeute, ainsi que mes bonnes notes en neuroscience lors de mon échange, me permettent d’obtenir une équivalence. Malheureusement, mon inscription fut rejetée. Je décidai donc de recommencer tout à zéro en m’inscrivant en licence de philosophie à distance à l’université de Reims en France.

     

    Mes années de licence furent riches en expérience. Je redécouvrais la philosophie et me passionnais pour les cours que je recevais dans ma boite aux lettres à chaque début semestre. Mes trois années d’études se déroulèrent à distance. Les six premiers mois à Paris où je travaillais comme serveur, puis un an et demi à Bienne où je commençais à travailler comme physiothérapeute et, enfin, une année à Albi chez mes parents, pour me consacrer entièrement à ma dernière année de licence. La licence à distance est une épreuve compliquée pour chaque étudiant. Il fallait être capable de concilier vie locale avec les cours d’une université éloignée. Il n’était pas évident de travailler la journée et d’enchaîner avec les études le soir. Tout comme il était parfois compliqué de passer son week-end à la lecture et à l’apprentissage des cours. Les semestres à Bienne furent les plus compliqués. Je devais enchainer quatre jours de travail à traiter entre cinquante et soixante patients et ensuite, à côté de mes occupations personnelles, trouver du temps pour étudier mes cours. Ce qui me permit de réussir ces études fut mon intérêt pour les sujets traités. J’ai toujours eu une certaine discipline, mais celle-ci aurait été mise à mal si ce que je n’avais pas étudié des sujets si intéressants.

     

    Chaque année d’étude, je devais passer deux examens à distance et dix-huit sur une semaine. Comme il n’est pas facile pour les étudiants à distance de se rendre plusieurs fois par an sur le lieu d’examen, l’université organisait une seule session d’une semaine juste avant les vacances d’été. Cette semaine était épuisante. Du lundi au jeudi, nous avions quatre examens d’une heure et demie à deux heures. Deux épreuves le matin, deux l’après-midi. Nous terminions ensuite le vendredi avec deux épreuves le matin. Passer de sujet en sujet, oublier les erreurs commises au sujet précédent, se remémorer quatre de ses cours chaque jour… Autant dire qu’après de telles semaines, nous étions tous lessivés. Mais, malgré ces efforts, malgré tous ces cours ingurgités pendant mes week-ends, tous ces moments à ne pas sortir pour étudier, je ne regrette rien. Chaque cours, d’une soixantaine de pages, était bien travaillé, bien écrit et me passionnait. Même sans être au contact de mes professeurs, même si je n’ai jamais pu voir leur visage ou ressentir l’atmosphère de l’amphithéâtre, je me réjouissais d’étudier ces auteurs et ces façons de penser. Les études à distance m’ont permis de continuer une partie de ma vie que j’avais entamée pour en découvrir une autre que me mena plus tard au master de philosophie.