La philosophie avec les enfants

Une petite histoire de la discipline

Les enfants sont-ils capables de faire de la philosophie ? Si l'on en croit l'histoire et les préjugés : l'enfance et la philosophie seraient inconciliables. D'un côté, les enfants seraient inconscients, insouciants et ignorants. De l'autre, le philosophe incarnerait la clairvoyance et la sagesse.

Pourtant, Michel Sasseville constate que tous deux sont des alliés naturels : l'un comme l'autre semblent se laisser surprendre par un étonnement premier face au monde. L'enfant, tout comme le philosophe, animé par cette curiosité ne cesse de se questionner sur le fonctionnement des choses qui l'entourent, le sens des actes du quotidien ou encore le sens de l'existence. [1] Ces questions, aussi naïves soient-elles, ne peuvent que rappeler les grandes préoccupations qui ont nourri la philosophie depuis les pré-socratiques jusqu'à nos jours. Cependant, il ne suffit pas qu'un enfant se pose des questions pour qu'il soit en train de philosopher. L'exercice d'une pensée par soi-même nécessite, à ce jeune âge comme à l'âge adulte, un accompagnement. La pratique de la philosophie avec les enfants repose sur un certains nombre d'assomptions qui visent à favoriser l'acquisition de cette pensée dès l'enfance. [2]

Le premier déplacement à opérer, comme le souligne Johanna Hawken, consiste à passer de la vision d'une philosophie comme discipline académique à celle d'une philosophie pratique. [3] 

 

Naissance d'une sous-discipline

Si pour certains l'idée de pratiquer la philosophie avec les enfants remonterait au Moyen-Âge, il faudra attendre les années 1960 pour qu'elle devienne une sous-discipline à part entière. Ce sont les philosophes américains Ann Margaret Sharp et Matthew Lipman qui, en consacrant leurs travaux à modifier l'enseignement de la philosophie, développèrent cette nouvelle sous-discipline dont l'objectif est d'écrire et de pratiquer la philosophie de telle sorte que les enfants et adolescents puissent l'apprécier. [2] La pratique connaîtra un succès tel qu'elle proliférera sur les autres continents. 

 

Rapports de l'UNESCO en 1998 et 2011

En 1998, un commité d'experts composé de philosophes et d'éducateurs d'horizons différents se sont rencontrés à l'UNESCO pour faire part de leurs recommandations concernant l'intégration de la philosophie avec les enfants dans les parcours scolaires dès le plus jeune âge. Pour l'UNESCO, la philosophie avec les enfants se présente comme une opportunité pour

En effet, parmis les nombreuses thématiques abordées, le Professeur Philip Cam, a mis l'accent sur les bénéfices individuels et sociaux de l'enseignement de la philosophie avec les enfants. 

 

Développement de la discipline au Canada

 

 

Développement de la discipline en France

Pourquoi faire de la philosophie avec les enfants ?

"Cela signifie, en bref, que les enfants exploreront des problèmes, des questions et des idées qui touchent à des préoccupations humaines plus profondes ; que cette exploration prendra principalement la forme d'un dialogue entre les participants ; que ces rencontres seront des occasions grâces auxquelles les enfants parviendront à mieux se comprendre mutuellement et à examiner leurs propres convictions, ainsi qu'à apprendre à suivre un argument là où il mène." (prof. Philip Cam) [4]

 


[1] SASSEVILLE Michel et GAGNON Mathieu, Penser ensemble à l'école : des outils pour l'observation d'une communauté de recherche philosophique en action, Québec : Les presses de l'Université Laval, 2012, p.7.

[2] Ibid., p.8.

[3] HAWKEN Johanna, La philosophie avec les enfants. Pour une pédagogie sensorielle, France : Editions Lambert-Lucas, 2020, p.9.

[4] UNESCO, la philosophie pour les enfants, réunion d'Experts, Paris, 1998, p.47

 

Ce texte a été écrit par Enola Rindlisbacher.

Consultez la page correspondante en allemand ou en italien.


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